Et si tout commençait ainsi?

   Par une belle matinée de printemps,c'est le petit matin, Khéa marche, légère et court vêtue... Le chemin est encore bleu sous le soleil levant, les petits graviers crissent sous ses fines chaussures. L'air léger et transparent semble à peine pouvoir porter les oiseaux. Ces frèles être d'os cassants et de plumes légères tournoient dans le ciel naissant. Ses yeux bleus eux aussi, mi-clôts, re-jouent des scènes de la veille.

Dans un vromissement assourdissant deux quads la dépassent. La poussière l'aveugle mais lui donne ainsi l'occasion de fermer complètement les yeux... La scène n'est plus seulement des traits au crayon, elle prend sa réalité, cette même réalité qui la veille l'avait...

Elle marche maintenant les yeux fermés, d'un pas lent mais assuré. Comme guidée par les sons de chacune de ses enjambées, Khéa respire désormais l'air âcre d'un tout autre lieu. Oubliant les oiseaux tournoyant dans le ciel, le soleil bleuissant la campagne et le petit chemin de graviers, elle marche dans une rue bien éclairée, néonisée même. Grondement d'une ville qui ne veut ou ne peut plus dormir en bruit de fond. Des gens, une foules qui déhambule de façon anarchique . Un flôt de véhicules fumants. Elle est à Babylone.

A côté d'elle une silhouette connue avance au même rythme, les deux corps ne se touchent pas, ne se frôlent même pas mais vont dans la même direction. Soudain, une porte s'ouvre, la silhouette s'immobilise sur le côté. Ses jambes trahissent un imperceptible temps d'hésiation. Elle entre. La porte se ferme lentement ratentie de façon interminable par le piston du frein qui finit son action plié comme une patte d'araignée morte.